Textes extraits de l'album
de Bruit qui court
"Tuez le flic en vous!"
mai 2010.

MUSIQUE POPULAIRE

On lutte pour tout et rien,
on s’indigne naturellement,
on est du coté des bons à rien
et on chante pour les résistants.
On noie sous des tonnes de mots
l’espoir que tout peux changer
et on cherche le beau
dans leur prison de liberté.
On est le rouge de la commune
sous les balles de l’oppression
et le noir d’un drapeau
un soir de manifestation,
une barricade dans la rue
qui emmerde leur futur,
notre musique est populaire.

On est le peuple
à moitié camarade à moitié libertaire.
On est le peuple
aujourd’hui il n’y a plus de prolétaire.
Aujourd’hui nous ne sommes plus
nous ne sommes plus prolétariat,
nous nous sommes vaincus,
nous nous sommes vaincus.
Mais rien à foutre d’avoir perdu
à nous l’espoir
et qu’on ne me parle plus
à moi l’espoir.
Il est passé le temps des compromissions,
notre musique est populaire.

SOUS MON BLOUSON

Milieu des années 90, j’avais 15 ans le lycée première, deuxième, troisième génération, tous des enfants d’immigrés.
C’était noirdez dans les oreilles et Chirac dans le viseur et ce besoin de lui foutre sous le nez le bruit et l’odeur.
Pas de quartiers pour les fachos, pas de fachos dans les quartiers,
le mot d’ordre était simple on avait un ennemi on existait.
On affichait nos révoltes sur t-shirts,
les autres nous trouvaient étranges,
mais nous dans nos têtes on avait Vitrolles, on avait Orange.
On avait décidé de ne pas accepter l’injustice
et on méprisait ceux qui s’en foutaient, ils étaient complices.
J’avais Assassin écrit sous mon blouson.
Je m’improvisais Mc, j’écoutais Zebda, j’admirais les rouges qui tenaient la rue et imposaient leur loi.
C’était mes premiers joints dans mes premières manifs, et le monde de demain quoi qu’il advienne nous appartient, c’est clair.
C’était clair on était la solution, on était l’espoir,
on se rêvait une famille, on se rêvait maquisards.
Notre révolte était tout sauf banale,
on pensait fumer le punk pour le recracher en Freestyle.
Et les soirées antifascistes étaient là pour se compter,
dans ma tête on était des millions, dans ma tête on était une armée.
Et j’avais Assassin écrit sous mon blouson.